UN DRESS CODE DURABLE, C’EST POSSIBLE ?

TRANSFORMER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE EN EXPÉRIENCE CLIENT !

Tel était le thème de la table ronde que nous avons animée avec Clémentine Concas (Directrice développement durable, Groupe Barrière), ce mardi 3 octobre 2017 à Clermont Ferrand, lors des Universités du Tourisme Durable. 

Un Grand Merci à Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism de m’avoir invitée à témoigner lors de cet évènement.

AU-DELÀ DE L’AFFICHAGE, COMMENT MONTRER ET ASSOCIER SA COMMUNAUTÉ À SON ENGAGEMENT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ? COMMENT FAIRE VIVRE LE TOURISME DURABLE AU DELÀ DE L’EXPLICATION ?

Au printemps dernier, je disais à Guillaume lors de mon interview

« Nous cherchons à vivre des expériences au-delà d’obtenir un service. Prenons par exemple un hôtel : nous n’achetons plus une nuit, nous vivons une expérience, nous entrons dans un univers le temps d’un séjour. De l’accueil à la réception jusqu’au parcours à la chambre puis au restaurant, l’expérience doit avoir été pensée en amont si on la souhaite parfaite. La décoration, l’architecture, les produits vont jouer pour beaucoup. Mais …. avons-nous pensé à cette personne qui nous y conduit, qui nous y accueille ? Cette personne est pourtant LE vecteur de communication que nous retiendrons le plus ! » 

OKKO ET SA DÉMARCHE RSE

OKKO HOTELS et tout particulièrement à Solenne Devys qui m’a fait confiance en 2016 a été une pionnière en la matière d’action de RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise), en impliquant ses hôteliers dans la conception de leur propre tenue. En effet, lorsque je suis allée « auditer » ses équipes hôtelières, ce sont de réels échanges humains que j’ai eus avec elles, sur le terrain, avec des retours d’expériences sur leur métier. Métier que je découvrais afin de leur créer une tenue adaptée. On était bien loin du feuilletage d’un catalogue de vêtements professionnels. De ces échanges sont ressorties des conclusions étonnantes qui ont orienté la conception d’un tout nouveau Dress Code hôtelier.

QUAND CLÉMENTINE CONCAS DEMANDE ALORS : « ET SI L’ON BÂTISSAIT UN ECO-RESORT AUX CARAÏBES, QUEL POURRAIT ÊTRE UN « DRESS CODE DÉVELOPPEMENT DURABLE » POUR LES ÉQUIPES HÔTELIÈRES ? 

« LE 4D ? »

« Marketinguement » parlant c’est cool, mais, transformons plutôt cette notion en EXPERIENCE CLIENT :

Si l’on considère que la population qui serait concernée par ce dress code serait de 20 personnes travaillant dans l’hôtel, je recommanderais alors un tissu issu d’une fibre végétale, tel le lin.

(NB : Si nous avions parlé d’une chaîne d’hôtels avec des milliers de tenues à produire, j’aurais plutôt suggéré l’usage du polyester recyclé, ou recyclage, élégante manière de détourner le plastique que nous n’arrivons pas à éradiquer de la planète).

Donc du lin en faible quantité .. : cette fibre naturelle a nécessité peu d’eau, peu d’engrais et zéro pesticide pour pousser. Une fois récoltée puis tissée, pas de teinture : évitons un processus inutile d’ennoblissement du tissu et laissons-lui sa couleur beige naturelle et douce, qui convient, de surcroît, tout fait à un éco-resort s’insérant dans un éco-système végétal. 

Ce tissu, donc, naturel, écologique, et non teint, proviendrait du continent le plus proche de l’île, pour limiter l’empreinte carbone du transport (même si elle ne représente qu’une faible part au global de l’utilisation du vêtement final).

La confection maintenant ? Des machines ? Qui requièrent de l’énergie grise ? Bien sûr que non s’il s’agit de 60 pièces (hypothèse de 3 chemises pour 20 employés) !

Et si la confection des chemises se faisait sur l’île ? Par des associations de femmes en reconversion professionnelle par exemple ? Une confection locale, avec un savoir-faire local, et de surcroît, une activité sociale intéressante générée par l’éco-resort qui viendrait s’implanter là… Rêvons un peu… dans le cadre du tourisme durable, les ateliers de couture pourraient même devenir une proposition de visite pour les clients de l’hôtel….! 

POUR ALLER ENCORE PLUS LOIN…. 

Une coupe traditionnelle serait idéale afin de limiter les chutes, soit les pertes de tissu. Pourquoi jetterait-on ce que l’on a récolté puis tissé ?

Inspirons nous des vêtements traditionnels orientaux de l’époque qui étaient coupés dans un unique rectangle de tissu, sans chute, puis élégamment pliés.

Si, quand bien même, nous avions quelques chutes de tissus, je suggérerais alors d’en faire des pochons cadeaux pour les clients de l’hôtel, où l’on viendrait accrocher tout le storytelling de ce tissu, de sa récolte, à sa confection … belle invitation pour les clients de l’hôtels à vivre et véhiculer le message de ce Dress Code transformé jusqu’à un cadeau souvenir, explicatif et empreint de sens. 

MAIS APRÈS…?

Saviez-vous que, sur un cycle de vie complet d’un vêtement (hypothèse de la récolte de la fibre de lin à la destruction du vêtement, porté lavé et séché environ 70 fois) l’équivalent pétrole est de 14,5 litres ?

Il faut compter 4 litres pour la fabrication (récolte, filature, tissage, ennoblissement du tissu), 0,5 litre pour le transport (un vêtement de quelques grammes sur un container qui glisse lentement sur l’eau et qui transporte des milliers de tonnes de produits ne prend qu’une infime part de pétrole à lui seul), soit un tiers d’énergie grise. MAIS sur ces 14 litres, 10 litres seront destinés à l’usage du vêtement soit : le lavage, le séchage et le repassage !

La démarche éco-responsable serait donc naturellement, de laver ce vêtement si possible dans des eaux froides, avec une lessive non polluante (voire des boules de lavages céramiques qui remplacent les lessives), et de le faire sécher à l’air libre, puis, évidemment de limiter le repassage.

Dites-moi…. n’est-ce pas évident pour une chemise en lin (généralement plus élégante naturellement froissée), et qui peut sécher sous le soleil des caraïbes … ?

Ne vient-t-on pas de bâtir un Dress Code ultra responsable ?